samedi 30 août 2008

2.


Je m'appelle David.
David Caeco, si ça vous fait plaisir de le savoir. Mais bon. J'imagine que ça ne vous touche pas trop, en fait.
Pas grave. On sera deux.
Bref. Je sens que je suis en train de looser royalement mon introduction, alors je vais la faire courte. Simplement, ne m'en voulez pas trop si ce texte présente autant d'intérêt qu'un beau cadavre de rat dans un odorant caniveau citadin.

Mais je n'ai pas demandé à l'écrire, ce foutu dossier.
"Journal de bord", qu'ils appellent ça. Sacré propagande, pour une séance chez le psy. Encore une invention parentale des plus originalement cocasses, cette histoire de rendez-vous pour mon "bien-être intérieur d'adolescent sensible", comme ils disent. Ils disent encore que c'est parce que je ne mange pas, parce que je ne souris pas, parce que je ne suis pas d'accord, bref, parce que je ne joue pas la comédie du "Oooooh, le monde est beau, donnez-moi un câlin que je vous tâte les fesses" que je dois écrire dans un adorable journal intime. Etrange. Oui, étrange que mes vieux aient réussi à déceler tous ces trucs, chez moi, vu qu'ils passent plus de temps dans leur bouquins, entre leurs éditeurs, leurs lecteurs, leurs lèches-bottes professionnels, qu'à la maison.
Avec moi.

Nan. A vrai dire -et c'est un certitude… S'ils m'ont sorti la "carte psy", c'est à cause du dernier bulletin de notes. Vous comprenez, ce morceau de papier, c'est un peu notre cordon ombilical. Le dernier lien qui leur montre que je suis encore en vie.
Biologiquement, du moins.

Le lycée, tiens, parlons-en. C'est bien joli, mais ça paye pas les clopes. Ni les bières. Ce genre de chose. Quand j'entre dans ce bahut, dans ce caveau repeint en beige, mon cerveau passe automatiquement en transe. Je deviens sourd, aveugle, tout ce que vous voulez.
C'est un peu comme la télé, les affiches publicitaires sur les vieilles pierres, les jeux-concours au dos des boîtes de céréales. Les gens parlent, parlent, parlent, et s'écoutent parler. Alors moi, je m'arrange toujours pour être assis à côté de la fenêtre.
Je regarde dehors.

Et je vais changer le monde.
Youhou.

1.


Découvrez LUNA SEA!


De l'eau sur nos mains.

Ô lent écoulement vital
Silencieux ruisseau.

Notre Mère sait.
Notre Mère dit.
Notre Mère fait.
Elle.
Elle est ce qui fait le Ciel, ce qui fait la Terre, l'eau des ruisseaux, la chaleur du Soleil, et les fruits dans les arbres. Nous ne sommes que des enfants, ses enfants. De la plus jeune des larves de fourmi, au plus ancien de nos vieillards.
C'est ce que nous sommes.
Le Grand Mystère.
Le Flux Eternel.
Nous tous.

Alors pourquoi ?
Pourquoi le monde a-t-il tant changé ? Il y a des arbres de pierre qui poussent dans les villes des humains. Des avions de fer, dans le Ciel si bleu. Des tâches noires dans les océans.
Pourquoi ?
Mère, pourquoi ?

Je n'ai pas de réponse.
Ni moi, ni aucun membre de mon peuple. Nous ne savons pas ce qui se passe dans leurs esprits. Ce qui se trame dans leurs cœurs. Le Flux de vie que l'on nous a accordé n'est pas de nature à répondre à ce genre de question. Il n'y a là pas grande importance.
Non. Pas grande importance.
Nous ne nous inquiétons pas. Car l'humanité est jeune, frivole… trop nouvellement née pour prendre du recul sur sa propre histoire.
Nous, nous voyons.
Nous sommes vos aînés.
Alors nous sentons, du plus profond de notre cœur au sang que vous dites froid, nous sentons que ces choses passeront d'elles-mêmes, comme il en a été pour nous, il y a trois millénaires. Mais nous ne vous dirons jamais rien. Nous n'avons pas coutume de nous mêler aux affaires des autres espèces.
Nous sommes silencieux, invisibles.
Nous vous observons.
Nous, les Scios.

One.

"Vous, les Blancs, dès votre enfance vous apprenez à travailler dur et, devenus des hommes, vous construisez des villes et toutes sortes de choses magnifiques। Et puis vous mourez, laissant tout cela derrière vous. Nous appelons cela de l'esclavage. Nous, les Indiens, nous sommes libres comme l'air. Les rivières, les bois, les plaines nous donnent tout ce dont nous avons besoin. Nous ne voulons pas devenir des esclaves. "
(Cadete, Apache)


Lui
L'autre








Eux.